Tout va bien.
C’est de la pluie, ce n’est rien, juste de la pluie qui tombe. De l’eau, rien que de l’eau. Sur l’asphalte, le bitume, le béton, ça fait ploc, ploc, au rythme des battements de mon cœur. Tout va bien.
La rue se noie, mais pas moi, pas nous. Tout va bien.
Contre le mur, tout contre le mur, la pluie ne m’atteint pas. Rien ne m’atteint, c’est la planque parfaite pour le moment, avant que la foule s’en aperçoive, avant que tout soit enseveli. Tout va bien.
Le monde peut bien s’écrouler, mais sur ce morceau de trottoir, rien ne peut m’atteindre.
On oublie, c’est facile, dans le feu de l’action, on oublie.
On oublie, en cours de chute, en attendant l’impact, c’est facile, on oublie. On fait table rase, par réflexe, on oublie les visages, les adresses s’effa-cent, les voix s’éteignent, l’amitié crève.
Il y a des hauts et il y a des bas, mais c’est certain, on tombe. On ne fait que ça, tomber. Volète autour de nous tout le reste, tous les en-combrants.
Tout le monde tombe avec nous.
On oublie les pas. On oublie le rythme. Alors, le sol se dérobe.
La vie, la danse, la musique et tout le tralala.
C’est super.
C’est super, la chute. C’est fun.
Non ?
Il n’y a personne derrière la porte.
Ça frappe, ça tonne, ça bougonne et quand on ouvre, il n’y a personne derrière la porte.
Ça tambourine, ça menace, ça tape et quand on ouvre, il n’y a personne derrière la porte.
Alors, on ne l’ouvre plus, on discute porte close ou l’oreille posée tout contre le papier-peint. On négocie par mur interposé. Ça en fait du bruit pour dire qu’on n’est rien, qu’on nait petit, qu’on ne gêne personne et que les grenouilles ne sont pas des boeufs.
Nous sommes comme les saltimbanques dans les banquets-cabarets, à rejouer notre métier soir après soir pendant que le public se gave de Château-Lafite. On rit, on pleure, on existe, on passe le mot et il n’y a personne derrière la porte.
Le bruit qu’ils font pour nous ratatiner est assourdissant.
Qu’importe.
Par le judas je sens le souffle nous relever..
Quelque chose sonne, une cloche, un jingle, un sifflet, c’est l’heure du départ. Tel un explorateur funambule, à deux doigts de toujours sombrer, nous voguerons sans fin vers les horizons, dans l’océan des mots, dans le vent des idées à la recherche de l’essence de la création. Nous nous laisserons emporter par les mélodies qui dansent avec grâce dans l’air du soir. Le violon pleure, la voix s’élève et l’âme, en frissonnant, renaît dans l’espoir.
Entendez les mots des écrivains-magiciens, ils ouvrent des portes vers des mondes inconnus, des univers secrets. Les fous marchent parmi nous, nos pas sont les leurs, leurs pas sont des invitations : à s’enivrer, à se perdre avec délice dans les méandres de celles et de ceux qui créent, qui vivent, qui font les pas du monde plus légers, qui font nos cœurs plus ensoleillés, nos esprits moins solitaires. Aux fous qui nous ouvrent les portes !
Nous sommes les enfants du tumulte, des gens simples assoiffés de monde à dévorer, naviguant à travers les échos de l’absurdité. Le désordre ? Nous l’embrassons. L’inconnu ? Nous le bravons. Dans le chaos se cachent les plus belles folies, celles qui brisent les chaînes, celles qui nous font danser au plus profond de la cacophonie. Le monde a besoin de bruit, de casseroles, de quelque chose qui cloche. Aux fous qui nous guident vers l’inattendu ! Aux voix marginales, aux esprits libres, aux fous qui nous inspirent et qui restaurent l’équilibre.
Ne fuyez pas. Respirez, respirez. Vivez, vivez. Le temps se gâte, ne nous gâchons pas. Foutons le zbeul.
En fait, c’est épuisant. Non, ce n’est pas tout à fait le terme exact. Alors, je cherche, ce n’est pas épuisant, non, c’est fatiguant. Mais c’est aussi enthousiasmant, passionnant et fun. Et en même temps, ce sont des successions sans fin de prises de tête. Et j’insiste : sans fin. Une revue, ce n’est que ça, des discussions, des choix et l’impression de ne jamais faire les bons du premier coup.
Quid de la couverture ? Reflète-t-elle assez l’esprit du magazine ? Laquelle choisir ? Et l’édito? Doit-on le signer collectivement ? Celui du numéro 0 n’était-il pas trop anxiogène ? Mais où va cette barque dans laquelle nous naviguons ? Pourra-t-elle un jour devenir un navire ?
Alors, je tranche. Je me fous des traditions des éditos vendeurs de contenus – oui, oui, tournez les pages, vous allez voir ce que vous allez voir. Dans mon édito, je dirais les doutes, les questions non tranchées, les errements qui agitent notre modeste – petite – rédaction. Je saluerais les arrivées (Arr Jérémie !) et vous ferais témoin du voyage : comment nous partîmes à 3 pour arriver, de péripéties en escales, à l’endroit où nous en serons dans un an. Comme dit l’autre:
To be continued…
C’est ce lien qui nous unira je pense, pas vous à moi, mais vous à la revue, à cette aventure folle en 2023, celle de s’entêter à lancer une revue de littérature, de découverte et de curiosité. La Nuit du Dimanche est un cabinet de curiosité. Comme l’époque, il prend place dans un océan déchainé, où ne semble pointer à l’horizon que de sombres nuages annonciateurs de tempêtes à venir. Notre barque se fera tour à tour refuge, île de pirate, havre de paix, bouge infâme !
Après la sortie du numéro 0, deux évidences nous ont sauté aux yeux : tout d’abord le format était trop petit pour la version imprimée, et la mise en page trop chargée. Ah et aussi, que le format pdf n’était plus trop adaptée aux lecteurs d’aujourd’hui. Donc, voici le résultat : une version epub, un format imprimé plus grand et une mise en page plus sobre. Pour le reste, nous nous sommes demandés si nous n’allions pas instaurer un thème pour chaque numéro. Un temps a circulé l’dée que ce numéro ne parlerait que des loosers, magnifiques ou pas. Vous en trouverez quelques échos au fil des pages. Mais maintenant, je me demande. Est-ce si intéressant ce coup d’oeil en coulisse ? A quoi sert mon édito ? Comme dirait l’autre:
To be continued…
Larguez les amarres ! La Nuit du Dimanche vogue sur une mer d’encre et vous invite à explorer avec son équipage des contrées ignorées, à découvrir des auteurs et autrices, à quitter terre pour s’émerveiller de nouveaux territoires. Dans la cale de notre navire, nous avons des récits, des héroïnes, des gars entre-deux, et des aventures. Dans ce numéro, vous rejoindrez un club de détective, vous prendrez part à une guerre civile, vous ferez connaissance avec une voyante dépressive et drôle à l’insu de son plein gré ! Des fictions à suivre et à partager !
Cette revue a pour ambition de vous faire partir à la découverte de nouveaux auteurs et autrices. Si, sur la toile, nous sommes concentrés sur le genre du whodunit et sur les faits divers, nous nous autorisons, dans cette revue, à élargir un peu nos centres d’intérêts. Aventures, science-fiction, fantasy, tous les genres littéraires qui excitent l’imaginaire seront les bienvenues dans nos pages.
Mais pas que ! Interviews, analyses, opinions : notre revue se veut à l’image du monde : curieux et avec une soif insatiable de culture.
Seize mois ! Ce fut le temps de gestation du numéro que vous tenez entre vos mains. Seize mois pour passer de l’idée à la conception, réunir tout le monde, les illustrateurs, les artistes et tout ceux qui, dans l’ombre, se sont démenés pour sortir cette revue. Merci à toutes et à tous ! Toute l’équipe espère avec moi que vous apprécierez le voyage en notre compagnie et que vous attendrez la prochaine escale avec impatience.
Vous trouverez ici les versions gratuites et téléchargeables de la revue. Pour soutenir la création vous pouvez aussi vous procurer un exemplaire papier de la revue en cliquant ici.